Chroniques

L’académie Française

Chers auditeurs, je vais vous demander ce soir, en plus d’être attentif, d’être olfactif. Car dans mon papier d’aujourd’hui, ça sent les boules, de naphtaline, le berlingot périmé, la gaine 100% coton lavée à froid, bref, rien de très frais, puisque je m’offre le plaisir de vous parler de l’académie Française. Et là, à juste titre, cher auditeur déstabilisé, tu te demandes, que vient foutre l’académie française dans une émission à caractère politique, impertinente et éthylique qui traite de  l’actualité la plus brûlante ? Quel rapport ? Et là, j’ai envie de te répondre sans te manquer de respect mais avec la plus  grande fermeté : si je devais avoir un rapport avec tout, y’aurait bien moins de femmes malheureuses. Mais je ne peux  pas, je ne suis pas le DSK de la bande Fm et je vais te répondre de manière plus structurée et argumentée :
Petit 1 : parce tu ignores ceci sans doute et cela m’habille de fierté de te l’apprendre :
L’académie française, fondé en 1635 par Richelieu sous Louis XIII, est une institution dont la fonction est de normaliser et perfectionner la langue française, de la rendre compréhensible par tous, ceci grâce notamment à l’élaboration d’un  dictionnaire, dont le premier fut publié en 1694. Nous en sommes aujourd’hui à la neuvième édition. Neuf éditions en presque 400 ans, on comprendra aisément que ceux qui garnissent les fauteuils de l’académie n’ont ni la fougue d’un All black exécutant un Haka, ni la hargne d’un DSK exécutant une call black. Alors autant prévenir de suite, Dsk reviendra  souvent dans ma chronique, pour lui donner un réel élan de vitalité et pour mieux illustrer ce que je vais dire, alors, je  sais, ça risque d’être un peu lourd, mais c’est pas moi qui ai commencé…
Petit 2 parce qu’ils sont 40, plus tout jeune, forcément, puisque pour obtenir un fauteuil, il faut avoir un bon vécu dans la vie littéraire ou avoir illustré notablement la langue française, fauteuil que l’élu gardera jusqu’à ce que mort s’en suive. Et 40 membres un peu ridés qui s’amusent autour de la langue, ça fait forcément un peu penser à une soirée cravate club au Carlton, à l’a différence près, qu’à l’assemblée, la pipe, il sont plus proches de la casser que de la facturer, et ça, c’est  l’actualité, Monsieur l’auditeur.
Petit 3 parce que depuis 1634 et plus de 700 académiciens, il toujours important de noter qu’il n’y a eu à ce jour que 7  femmes élues, moins de 1%, ce qui démontre enfin que définitivement elles s’intéressent plus aux soldes et à la lecture de Psychologie Magazine qu’à la littérature.
Petit 4, parcequ’il n’y a pas que Le larousse dans ta vie. Alors, c’est vrai, si certains, comme, par exemple, DSQ, préfère  Larousse au petit Robert, moi j’aime bien aussi vous parler d’autres choses…
Et surtout petit 5, Parce qu’il ne faut pas enterrer les obstinés de la vie trop tôt, car si les vieux ne parlent plus, ou alors seulement parfois du bout des yeux, chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et surtout le verbe d’antan. Et ce verbe d’antan, cher auditeur, ils veulent le préserver, le promouvoir, et à ce dessein, l’académie vient de créer ce mois-ci sur leur site internet une nouvelle rubrique : un inventaire de ce qu’il convient de « Dire, ou de ne pas dire », pour  mettre un peu d’ordre dans le chaos lexical que subit notre langage en ces temps modernes mettant en danger notre  langue française, et figurez-vous, qu’au premier abord, cela me ravit, Jacob, je suppose que tu t’appelles Jacob cher  auditeur, en tout cas cela m’arrange pour mes jeux de mots pourris, tiens ça me fait penser que Jean Amadou est mort, je sais c’est pas drôle, mais y’a des fois ou c’est moins triste que d’autres…
Et j’y suis allé pour vous sur ce site. Bon, à première vue, quand arrive sur la page d’accueil du site, visuellement on est un peu surpris, ça ressemble plus à une permanente de Christine Boutin qu’à une soirée fuck me i’m famous de David  Guetta. C’est en effet sommaire, c’est moche, indigent, triste, mais après tout, je me dis, c’est comme tout, peu importe  que la robe soit en soie ou en polyester qui gratte, tant qu’à l’intérieur le pétard y est affable et pimpant, allons y… Voici donc, en exclusivité sur Pas Plus Haut, comment apprendre à mieux communiquer grâce à cet aperçu de la première série disponible en ligne, d’autres suivront, mais, vous l’aurez compris, faut pas trop les bousculer non plus, nos amis des lettres et du néant.
Le site nous propose quatre catégories. Les emplois fautifs, les néologismes, les extensions de sens abusives et les  bonheurs de notre langue. On apprends donc, par exemple dans les emplois fautifs, qu’il ne faut jamais dire, je vais sur  Lyon, mais je vais à Lyon, je travaille sur Paris, mais à Paris, on pourrait à l’envi donner d’autres exemples, ainsi, je suis surbooké, devrait se dire je suis dans Carole, ou bien vous êtes sur-qualifié devrait se dire vous êtes à la rue.
Concernant les néologismes. Ici, on sent l’agacement de nos académiciens quant à l’emploi du mot « impacter », inspiré du langage anglais et que vous avez certainement déjà entendu mille fois, alors qu’il faudrait plutôt employer les termes « affecter », « avoir pour conséquences », et caetera… Ainsi, il est faux de dire « la crise impacte l’activité économique » mais « la crise affecte surtout les pauvres ». Par contre ils ne nous disent pas si quand mon pare prise est impacté par une pièce de cinq francs, lorsque j’appelle Carglass, je dois plutôt leur préciser que mon pare-brise est affecté, ça je sais pas.

Le problème sur ce site, je trouve, c’est le manque notable de précision. Autre expression qui dérange dans la catégorie extensions de sens abusives, c’est l’utilisation abusive du verbe « gérer » qui doit être réservée nous dit-on, aux choses matérielles, et non pas, comme c’est trop le cas en ce moment, à l’évocation de faits personnels ou de sentiments, tels que « mes enfants, je les gère ». Ainsi On dit par exemple, « je gère un portefeuille en bourse », mais certainement pas « Au Sofitel, j’avais les bourses en mille feuille, mais ça va, je gère », même si la notion de sentiment, ici, est quelque peu approximative..
Le dernier titre de ce site, et là, on sent que nos immortels sont de vrais déconneurs, ils l’ont appelé les bonheurs de la  langue française. Alors, leur bonheur à eux, c’est de nous faire savoir que les 2 adjectifs coi c.o.i, et quiet sont issus du même adjectif latin quietus. Tout le monde s’en fout mais ne gâchons pas un bonheur si exaltant. Coi, s’employant plus dans des locutions, telles que « se tenir coi », alors que quiet se dit surtout de qui est serein, paisible, on parle ainsi d’un quiet abandon, d’une vie quiète. Pour que ça vous parle plus, je reviens avec notre DS con national qui par exemple met sa queue quiète dans n’importe coi.
Restons dans les parties socialistes. Sur notre site on n’y trouve pas Arnaud Montebourg, vous savez, celui qui fait des rêves étranges et impétrants, qu’un jour il sera connu et qu’on l’aime comme il s’aime. On sait tous maintenant que son impétrant était une erreur de langage puisque cela désigne une personne qui obtient un titre et non un candidat à ce  titre.
J’ai un autre mot à leur proposer, c’est « miction ». C’est d’actualité en ce moment, notamment à Toulouse avec le défi propreté organisé par monsieur le Maire Pierre Cohen, qui fait de la répression un outil d’éducation. Les premières  contraventions pour miction sur la voie publique ont été délivrées la semaine dernière. Pour ceux qui sont plus portés  sur le litron que sur le Littré, miction, ça veut tout simplement dire action de pisser. Mais ça, ça ne se dit pas. C’est comme à la crèche de mon fils. On ne me dit jamais qu’il a fait caca, mais qu’il a fait des selles dures, et moi, à chaque fois, ses selles dures, je trouve ça ridicule, ça me fait penser à cheval, déjà, à 2 ans, le salop, digne fils de son père… Non, on ne dit pas contravention pour avoir pisser dans la rue, mais pour miction. 35 euros. Pam. Faisez gaffe chers toulousains…

Dans l’ensemble je trouve que le site de l’académie est mal fait, pas convivial du tout, et pourtant ce sujet m’est très  sensible. Je me demande s’il vaut mieux pas préserver les fondamentaux et vu comment on s’occupe de l’éducation  nationale, c’est pas rassurant. Pour moi, brûler des livres ou supprimer des profs, c’est pareil, et maintenant, c’est pire,  ce sont les profs qui se brûlent. Fin de ma parenthèse à caractère politique et mollement engagée. Alors voilà, pour terminer ce best of de ce qu’on peut trouver sur ce site, on nous dit que best of, ne doit pas se dire, on doit lui préférer «le meilleur de » , ou « sélection de », ou encore «florilège ». Ainsi, petit con de troisième qui passe ton brevet à la fin de  cette année, et je me permets de l’affubler de ce petit con affectueux parce que ma fille que j’aime très fort malgré son  adolescence en forfait tête à claque illimité, passe aussi le brevet cette année, donc si tu veux assurer un 15 en français,  commence dès demain midi quand tu vas faire ta pause cantine au mac daube avec l’argent que tes parents t’ont donné pour t’acheter Le pére Goriot. Voici ce je te conseille de dire : Bonjour Monsieur, afin de ne pas affecter ma quiète  concentration et mon rendement scolaire, j’ai besoin de me nourrir, c’est pourquoi je vous saurai gréé de bien vouloir  me préparer un florilège de poulet, agrémentés de pommes terre oblongues rissolées dans leur obsolète graisse, le tout,  servi avec un thé frappé au goût artificiel de pêche, c’est à servir à ma table, enfin sur ma table, enfin, je ne sais plus. Oui,  zavez pas rien capté, lol, c’est un truc de ouf, c’est because le mec à la radio, il est trop chelou, genre… ok, alors un best of chicken potatoes ice tea, ça gère et dites-moi où sont les chiottes, j’ai pas envie de pisser dans la rue, 35 euros, pour moi  en ce moment, c’est miction impossible. »
Hé les vieux, perso, je trouve que c’est un super idée votre truc, mais c’est pas gagné…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *