Ne cherchez plus, si vous sentez que le monde va mal, j’en ai trouvé les causes ce week-end en lisant la Genèse, le premier livre de l’ancien testament, oui, d’accord, moi non plus j’allais pas bien ce week-end. Genèse, ça vient du grec génésthai qui est lui-même l’infinitif aoriste de gig’nomai, qui signifie « venir au monde ». On le retrouve dans génétique, généalogie, et je ne sais quoi encore… La genèse est donc l’explication fantaisiste de l’origine du monde et des hommes sur laquelle se basent les chrétiens et les juifs quand la théorie du gang bang leur semble un peu trop indécente, c’est quand même pas notre faute s’il ne savent pas lire.
Bref, j’ai lu la genèse et j’ai eu une révélation. Non pas une envie subite de piété suite à une crise de foi, mais j’y ai découvert un message subliminal, une métaphore, une parabole. En fait, il n’y est pas question de la création du monde. La genèse nous parle des origines de l’amour et en pose les bases définitives. Attention, il ne s’agit pas de l’amour de Dieu ou de son prochain, mais de l’amour, celui qui fait vibrer, le sensuel, le charnel, le troublant.
Je vous livre ma traduction, la Genèse dure 6 jours, mais, tel Claude Guéant qui s’essaye au tango, je con-dense.
Voilà ce qui est écrit : Le premier jour Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne. Et voici que Dieu nous parle des premiers instants, de la rencontre. Lui et elle, qui ne se connaissent pas ou si peu, sont subitement piégés par un regard inattendu, plus éblouissant que les autres, plus intense, plus violent, le coup de foudre qui fout le vertige, loin des coup de foutre pour le prestige. C’est le coeur qui s’embrase et illumine la nuit, c’est le ventre qui hurle et éventre l’ennui, mais bordel, Dieu, pourquoi tu t’es pas reposé après ce premier jour, tout y était superbe. Mais non, il a fallu que tu continues ton oeuvre dans un zèle crétin.
Alors, Le deuxième jour, Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux ! » Dieu créa ainsi le ciel et la mer et Dieu vit que cela était bon. Et voici nos jeunes étourdis dans le tourbillon frais de l’amour. Les pieds dans l’eau, flottant dans l’apesanteur humide des sensations légères et invincibles, quand leurs yeux se nourrissent d’ivresses célestes, la tête dans les étoiles, les pieds dans l’eau et le souffle coupé, c’était encore superbe, mais Dieu, qui en plus d’être fumeur de havane est insatiable, ne voulut pas s’arrêter là.
Le Troisième jour : Dieu dit: « Que les eaux inférieures au ciel s’amassent en un seul lieu et que le continent paraisse ! » Dieu appela «terre» le continent : il appela «mer» l’amas des eaux. Dieu vit que cela était bon. Alors, oui, on va vite remarquer que Dieu à chaque fois qu’il a une idée, il se la joue un peu, il la trouve super bonne, l’idée, mais faut dire pour sa défense qu’à l’époque, Dieu il était un peu seul, ça dérangeait personne. Bref, Dieu inventa la terre, mais aussi le concept de la semence et là ! ça devient intéressant. C’est l’étape ultime du rapport amoureux, le paroxysme du plaisir, quand les coeurs explosent, les corps s’exposent, les mains tendues deviennent des caresses attendues, les yeux se posent sur les lèvres et s’opposent à la résistance, la fertilité du désir longtemps entretenue dans de frustrations nécessaires, sème le trouble dans les parties fragiles et intimes des peaux en fièvre, l’étreinte est sublime !!! Dans la demeure des sentiments, l’excitation est à son comble, les manques de confiance à sa cave, la vie s’attache au temps, le vice s’étend sans tâche, il est son Solal, elle est son Ariane, ou pour les moins littéraires, elle son pif, il est son gadget, et jaillit la lumière, et l’on s’inonde d’extase dans la semence divine qui incendie le culte de la belle et qui libère d’un coup de mythe, le beau, oh, oui, Dieu, oh non de toi!!!! c’est vrai, putain que cela était bon !!!!!!! Mais Dieu, qui n’est qu’un sale gosse, en voulait plus.
Le quatrième jour : Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit, qu’ils servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années, et qu’ils servent de luminaires au firmament du ciel pour illuminer la terre ». Le problème avec dieu, c’est qu’il parlait le Francis Cabrel. Il n’avait pas le sens du raccourci, du concis. Par exemple, quand Cabrel, il a envie de se taper une nana, il l’embrouille de la sorte : «T’avais mis ta robe légère Moi, l’échelle contre un cerisier T’as voulu monter la première Y a tant de façons, de manières De dire les choses sans parler Et comme tu savais bien le faire Tu l’as fait » tu comprends rien, il te poétise, il en fait des tonnes, mais t’es impressionné. Dieu c’est pareil, il travaille le verbe pour cacher la misère. Bref, le quatrième jour, Dieu n’a pas inventé le lampadaire du firmament, mais bien le soleil et la lune. Et Dieu, précurseur du comique de répétition, vit que cela était bon. Et c’est là que ça commence à se gâter. Le soleil et la lune. Nous avons laissé notre ardente rencontre dans un temps
imaginaire, sans repère, sans limite, dans les voluptés insouciantes d’une éternité consciente. Et voilà que Dieu se met à réguler les jours, à rythmer les nuits, à compter les changements, à rendre cette femme indisponible et irritable une fois toutes les nouvelles lunes, à rendre cet homme insupportable à chaque soirée de league des champions. « O temps suspends ton vol, et vous heures propices, suspendez votre cours » n’est plus que, du discours utopique, de la poésie pour les gueux, et le temps fuit en avant et le temps file par derrière. Tant que le jour embrassait la nuit, il n’y avait pas de saison à leur amour, la création du soleil et de la lune, firent entrer l’hiver dans leur foyer. Mais Dieu dans sa démesure n’en restera pas là, le fourbe.
Le Cinquième jour, Dieu dit : « Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l’oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel ». Dieu créa les poissons et les oiseaux. Dieu vit que cela était bon. Ca y est, il parachève son oeuvre. Un petit poisson, un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre, mais comment s’y prendre quand on est dans l’eau. Le con. Il a créé l’amour, mais il rend impossible toute vie commune. Nos deux passionnés, sont fait pour s’aimer, mais pas pour vivre ensemble. L’homme et la femme ne devront jamais cohabiter sereinement, n’auront jamais la possibilité de partager à vie le même toit sans que leur surmoi se fasse un doigt. Heureusement, plus tard, il créera la crise immobilière et les obligera à vivre ensemble. Avec un gosse, quand t’es 3, un T4 est moins cher que 2 T2, l’économique nique les mathématiques et le romantique. Dieu tu as foutu le bordel, mais l’apothéose vient au sixième jour.
Ce Sixième jour : Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce: bestiaux, petites bêtes, et bêtes sauvages selon leur espèce » Dieu créa le monde animal mais aussi l’homme à son image, mâle et femelle il les créa. Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon. Et là, Dieu, dans une fatigue certaine, ivre mort sur un comptoir de la place Saint Pierre, n’oublions pas qu’à ce stade de la création nous sommes le samedi soir, il a tout mélangé, du grand n’importe quoi. Il a dû mettre un peu de gros porc dans les gênes d’Adam et du Vanina, ahahaha dans les chansons d’Eve. C’est un massacre. L’homme a pris le pouvoir, la femme l’écumoire. Le plaisir ne porte plus le nom d’amour, n’est plus charnel, n’est plus sensuel. L’homme se touche devant une kalachnikov, pour la puissance et le pouvoir, la femme se couche parce que soumise à son devoir . A l’origine, l’idée de la jouissance devait être universelle, mais Dieu et son machisme qui ne dévot pas un sou, a réussi à nous faire croire que la femme était soumise aux désirs des hommes, et je n’y connais rien aux femmes, mais j’ai l’impression qu’encore elles portent ce poids séculaire comme un fardeau honteux. On voit émerger ces grèves du sexe, qui humilie la condition féminine, comme un outil de punition. Votre plaisir ne peut être une monnaie d’échange qui peut se vanter d’éviter la crise, de perdre son triple A sans affecter vos désirs triple X. Il est enfin venu le temps de pouvoir libérer vos désirs affectifs et lascifs sans qu’on vous traite de salope. Dieu a fait perdre aux hommes le goût de l’amour et du partage et il n’a laissé aux femmes qu’une pauvre pomme à croquer pour faire des grimaces débiles devant un miroir vérifiant que la pomme nettoyait bien les dents et que le rouge à lèvre ne craquèle pas. Le salaud.
Le Septième jour, Dieu cracha sa bile, avala un ibu-profane, et se vautra dans son vomi, épuisé mais ravi, il contemplait son oeuvre en faisant jouer ses mains sur son morceau de bois (cabrel, petite Marie), et Dieu dit : « maintenant demerdez-vous », il en fut ainsi. Même si au fond, je suis sûr, Dieu trouva cela très con.