Intro (virgule) 01-BENABAR
Benabar, benabar, benabar, trop cher Benabar, c’est quoi ce dernier titre où tu m’emmerdes alors que j’ai rien demandé. Alors c’est vrai, ta carrière m’a toujours laissé un goût circonspect d’indifférence profonde, c’est vrai qu’en règle générale je me sens plus concerné par 02-SOUCHON, contrairement à mes collègues de radio plus impliqués dans 03-INTER, même si je me sens plus proche de l’internationale que de ça : 04-MARSEILLAISEmais là, quand même, tu m’as fait rire, tu es allé trop loin, Barnabé. (Oui, parce que Benabar, c’est le verlan de Barnabé, qui est un autre de ces pseudos, alors qu’en vrai son prénom c’est Bruno, mais à part ça, tout va bien…)
Tu sais, moi, quand j’étais jeune, quitte à passer pour un vieux con que je suis et je t’emmerde aussi, à l’époque où nous arrivions à nous faire des amis en vrais sans les poquer et sans devoir afficher son profil sur un mur, quand nous arrivions à communiquer parce qu’on avait les oreilles libres, oui, sales peut-être, mais toujours disponibles, nous, on nous offrait ça à écouter: 05-BERU. Et je suis triste, parce que 25 ans plus tard, à ma fille on lui impose ça : 06-BENABAR.
Non, non, Bart, ta chanson, même au second degré, est vraiment à l’image de notre époque : molle. Tu peux pas te faire 2 millions d’euros avec ce disque et ta tournée, juste en prenant une feuille, un stylo, un banjo à 2 cordes et en écrivant que t’aime pas la guerre et la peine de mort, que t’aime les pédés et qu’en plus tu nous emmerdes !!!! Et encore tu nous épargnes le sida, les gens malhonnêtes, les méchants, et Auschwitz… Putain, t’as une sacrée paire de couille, toi, dans ton ben, à bar.
Mais tu sais, tu n’es pas le premier poulet élevé au gain trans-helvétique à nous servir ces combats mielleux, ces poussières de révoltes, ces coups de bites dans l’eau qui ne sont que vains. Bien sûr il existe des vraies chansons engagées et de colères, mais construites, argumentées, essentielles. Tu sais, je crois que tant que les idées se servent des chansons pour les véhiculer, ça peut être super, mais à partir du moment où ce sont les chansons qui se servent des idées pour te véhiculer, ça sonne faux. Mais t’inquiètes pas mon couillon, en France, tu es pas le seul à jouer les rebelles et les Rambo de la dénonciation.
Tiens, souviens-toi, en 1980, un an avant la fameuse candidature de Coluche, Gérard Lenorman, s’engage publiquement dans la politique. Mais écouter plutôt : 07-LENORMAN. Visionnaire, quand même, Gérard : Simplet et Picsou, on les a, et Tintin à l’intérieur, t’as qu’à relire «Guéant au Congo» et tu verras qu’on est pas très loin.
1981 Plus assumé, Enrico Macias, qui on le sait, soutient Sarko, a tout compris du capitalisme, et il le revendique : 08-MACIAS. Si quelqu’un a son 06 à Dieu, j’suis preneur…
En 1986 la chanson engagée à connu deux tragédies. Tout d’abord, Balavoine, qui offrait des pompes à eaux en Afrique tout en chantant très haut pour sa pompe à fric, lui qui ouvrait un peu trop sa bouche et ne voulait pas s’écraser du tout, il s’est écrasé beaucoup. Et puis Coluche en 1986. Le drame. En effet pour ses restos du cœur, c’est à Jean-Jacques Goldman qu’il demande d’écrire une chanson. 26 ans plus tard, JJG est toujours là pour s’occuper de la tournée des enfoirées et nous servir sa soupe populaire, ses chanteurs indigestes et ses reprises indigentes, oui, la tournée des restos m’écœure.
Non, Beni, y’a pas que toi qui a des couilles et qui se veut libre de penser. Rappelle-toi ce cri de colère, puissant et poignant : 09-PAGNY. Dans le supermarché de la révolte flasque, tous dans le même Pagny.
Mais il y a plus étonnant. Les visionnaires. En 1984, émouvant cri de colère en faveur des sans-abris, 12 ans avant les enfants de don Quichotte : 10-PETER. Besoin de rien envie d’un toi, c’est très touchant. Autre visionnaire, Sœur sourire, qui sentait déjà le vent du scandale arriver : 11–SOURIRE et Christophe qui prenait déjà la défense du directeur du FMI : 12-CHRISTOPHE
Hé, Babar, tu dis dans ton pamphlet que t’es pas homo mais que t’as rien contre. Tu as raison de remettre les choses à leur place, parce que Sardou, lui, il les a pas loupé les pédés. Dans un titre clairement contestataire, piqué honteusement à Zola, le «j’accuse» de Sardou est à mourir de rire, si toutefois on pouvait vraiment en rire : 13-SARDOU «Moitié pédés moitié hermaphrodites, Qui jouent les durs pour enfoncer du beurre, les hommes ne sont pas des hommes», c’est quand même énorme !!! Mais heureusement Francis Lalanne a riposté. Attention !!! les mots sont forts, l’émotion sort : 14-LALANNE «Plus il me regardait, plus mon bout sonnait creux». Paroxysme de la poésie contemporaine, la métaphore est impalpable, le message très subliminal, mais la réponse est ferme.
Enfin, dans le combat écologique, parmi tous ces chanteurs certifiés AB, Yannick Noah qui malgré son palmarès a toujours préféré l’herbe à la terre battue nous propose un monde meilleur : 15-NOAH. Plantons des arbres et mangeons des pommes, et on sera tellement bien !
Non, franchement Benabar, être chanteur engagé, y’en a qui arrive bien mais c’est vraiment casse-gueule. Parle d’amour et de rupture si tu veux, fais nous rêver avec tes soirées pizza-couette-télé ta copine et toi, mais tes chansons personnelles qui justifies je ne sais quoi qu’on se fout, oui, ça m’emmerde.
Tiens, pour finir, je te fais écouter ce qui me paraît la plus belle chanson engagée de tout les temps. C’est Régine qui la chante sur une chanson de Gainsbourg. C’est une chanson intemporelle de ce qui nous arrive depuis des années (et pas qu’à DSK), à méditer. 16-REGINE. (faire fondre à partir de la seconde 15)