Elle était Emmanuelle. Sylvia Kristel est partie voir si les anges avaient un sexe, et si
Pierre Bachelet avait toujours une bouche trop grande… Elle, Emmanuelle, qui nous l’avait
tant fait espérer, a fini par la casser, sa pipe…
Pour tant d’hommes à main nue, elle fut le poster de tous les émois. Dans l’histoire
du cinéma grand public, elle est la première femme à s’afficher vêtue de si peu de choses.
Assise lascive, Madame, sur votre grand fauteuil en rotin, il fallait que vous l’osiez !!!
D’elle, nue, émanait une forme nouvelle de liberté, un vent frais de changement.
1974, c’est étonnamment Giscard qui a permis cela, en mettant fin à toute censure dans
le cinéma. C’est quand même curieux de savoir que toutes productions culturelles un peu
licencieuses étaient prohibées sous Deux Gaulle. Et Georges pompe, itou…
Hé, Manu !!! Elle a quand même fait du bien aux femmes et à l’image poussiéreuse
de l’esclave ménagère qu’elles se véhiculaient depuis l’antiquité. L’image de la soubrette
au plumeau cède à celle des levrettes au plumard, Sylvia a libéré la femme et révélé aux
hommes qu’elle aussi, a droit à son plaisir, même si dans ce genre film, contrairement à ce
qu’on peut voir aujourd’hui, on préférait simuler que dix étalons…
Oui, elle était nue et manuelle, et c’était bon aussi pour nous, les hommes, mais la
subite gloire l’a perdue et plongée dans les affres de la vie, au fond du trou, droguée,
déprimée, le cul vainqueur mais le corps vaincu : elle en mourra. Depuis ce film, elle ne
sera plus jamais Sylvia, mais Emmanuelle. Le succès l’a consumée, trompée, alors que
j’ai toujours cru naïvement que succès c’était pas tromper…
Emmanuelle, tu es partie cette semaine, un 18 octobre. Paroxysme du culte, c’était la
Saint-Luc… C’est drôle…
Allez, je t’embrasse. Et cette fois-ci, si j’agite mon kleenex, ce n’est que pour te dire au
revoir…
Good Bye Emmanuelle.