Chroniques

La jeune fille du métro (qui veut faire du sport à poil)

Elle s’appelle Delphine. En latin, cela veut dire Dauphin. En cuisine, ce sont des boulettes de purée de pommes de terre et de pâte à choux salée, frites à 170 °.
Elle s’appelle Delphine, la fraîche trentaine en point de mire, le sourire affable d’une fontaine dans le désert, coiffée de presque et maquillée de peu, Delphine veut faire du sport et c’est à tout son honneur.

Du dauphin, Delphine en a la grâce, des pommes dauphines, la graisse.
Delphine est ronde sans être obèse, de cette chair que l’on soupèse sans nous proscrire d’une bonne baise. Oui, Delphine a la courbe convexe et séduisante, mais elle veut faire du sport, et alors ?

Et en la regardant de plus près, je me dis, en même temps que je m’essuyais dans mon jeans, que Delphine veut sans doute s’essayer à la Gym. Ou plus précisément à ces nouvelles pratiques très féminines et très intérieures, sans doute par atavisme, la femme se plait être d’intérieur, et très tendances que sont la zumba, le pilates, le spirit ball ou encore le pump, oh, oui, le pump, j’en ignore éperdument le concept mais, une femme qui pump aura toujours mon aval.

Delphine, tu fais partie de la masse et de ses femmes libres qui veulent organiser leur corps comme bon leur semble, et dans ton regard qui n’a rien de soumis, qui n’a rien de meurtri ou de désespéré, je n’y vois que de la sincérité et de l’indépendance.

Mais voilà Delphine, ton problème, c’est que tu veux du sport à poil. Et ça, ça passe pas. En tout cas, pas pour la toulousaine Myriam Martin, ancienne porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste, nouvelle adhérente de l’ancien parti communiste, ou un truc comme ça, faut suivre, être de gauche aujourd’hui, c’est un sacré défi cérébral, mais je m’accroche.

Et donc Delphine veut faire du sport dans un club de gym de la région et elle s’affiche sans accessoire dans les couloirs du métro toulousain, des trois cocus jusqu’à Bellefoun, comprenne qui pourra.

Mais le Front de gauche qui a crut y apercevoir un téton de droite ou un poil du centre, par la voix de Myriam Martin veut faire retirer les affiches. Toutefois, Delphine est assise, passive, jamais lascive. Sa jambe relevée, nous cache ses pudiques intimités. Delphine est nue, mais n’est ni arrogante, ni provocatrice, ni chienne, et là je suis d’accord, quand y’a de la chienne, y’a pas de plaisir.

Au moins dans le calendrier des Dieux du Stade, on voit des prémices de couilles, des tétons gonflés à la créatine, des fesses faites pour des cadrages débordements intempestifs. Mais qui s’insurge de cette instrumentalisation de l’homme dans la publicité ? Qui se demande pourquoi un homme qui veut nous vendre du parfum doit obligatoirement courir sur la plage avec un caleçon trop petit et des abdominaux Suchard 85% de cacao ?

Myriam Martin s’offusque : « nous constatons avec tristesse que malgré les années, les mentalités n’évoluent pas et que le corps de la femme continue d’être une marchandise étalée honteusement à des fins publicitaires. Nous espérons vraiment que la mairie va réagir, nous prévoyons de toute façon d’autres actions ». Elle s’emmerde ou quoi, Myriam pour s’engager dans des luttes aussi vaines ? Même le combat de Brigitte Bardot pour sauver Gérard Depardieu maltraité par le cirque Pinder en Russie me paraît plus justifié à coté.

C’est pas ça le féminisme ma belle. Si une femme veut se mettre à poil pour arborer ses rondeurs et inciter d’autres femmes à faire du sport, qu’elle le fasse. Parce cette publicité ne me semble ni irrespectueuse, ni racoleuse : elle ne s’adresse pas à nous les hommes, nous, on s’y branle peut-être, mais surtout on s’en branle, la zumba, on sait pas ce que sait, et on veut surtout pas savoir, le pilates, tu ponses, on s’en lave les mains, Myriam, y’a que des nanas dans ces trucs là.

Et là, quelques associations féministes, telles Mix Cités, répondent, « oui, heu, mais, elle est toute recroquevillée sur la photo, sans dynamisme, pour une enseigne censée faire bouger, c’est un peu ennuyeux. »
Et alors, vous voulez quoi : qu’elle pose avec un tablier à carreau, un fer à repasser, un sourire simulé et une mise en pli contrainte . Pardon mesdames, mais depuis les années 60 et son fameux « Moulinex libère la femme » je crois qu’on a peu avancé quand même.
Ok, il faut encore que vous vous méfiez de l’homme, qui restera toujours auprès de vous, et aussi par atavisme, très d’intérieur, mais c’est pas un short de plus qui va changer la condition de la femme.

Et puis, Delphine, peut-être qu’après avoir fait ses ¾ d’heure de step dans ce gynécée sudatoire, elle a besoin de laisser exprimer toutes ses dopamines fraichement produites par cet effort libérateur et bienfaiteur, elle a peut-être envie de s’accoupler, de satisfaire une sexualité débordante qui ne demande enfin qu’à s’investir après tant d’années de frustrations, de répressions, parce que sans doute des féministes plus consciencieuses que licencieuses lui ont fait croire qu’il ne fallait plus subir le dictat de l’homme, qu’il fallait même le punir un peu, que pour cela il fallait le priver de son désir de toi, mais du coup, en te privant du tien, de désir. Mais fous toi à poil Delphine, si ça te chante, ta vraie liberté de femme est là, bordel tu es ronde et belle et te le dire n’est pas t’insulter et tu ne manques de respect ni aux rondes, ni aux maigres, ni à la femme.
Non, le sexe n’est pas qu’une affaire d’homme, aussi vrai que l’épilation du sillon inter-fessier n’est pas qu’une affaire de femme je viens de le lire dans une étude anglaise, 31% des anglais se font épiler le sexe intégralement, 20% le torse, 40% le nez et 10% les fesses, c’est ça la modernité. C’est l’ouverture des usages, l’échange des principes, la destruction et la confusion des genres, et le mariage pour tous. D’ailleurs en anglais, femme, ça se dit woman. Et bé, woman, ça vient de womb-man, qui littéralement signifie, homme à utérus. Et oui, la femme est un homme, Myriam, l’homme est une femme, Myriam, tout se lie, tout s’unit, tout se confond, tout se marie, Myriam, (départ musique) l’oiseau c’est toi, l’enfant c’est moi, et vice versa, Myriam, tu as bon fond, on me l’a dit, on est tous ensemble, ne te trompe pas de combat. Alors, Lutte pour l’égalité des salaires, oui ! Pour vos droits, lutte, pour le travail, lutte, contre les coups de poings et de bites odieusement mal placés, lutte, et contre la dictature-lutte.

Alors, oui, moi aussi je peux être et je l’affiche, mais je préférerai toujours une femme à poêle, qu’à casserole.

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