Chroniques

Et une femme, comme pape ?

La nouvelle a secoué le monde catholique d’une main, pendant que l’autre n’ose pas encore tourner la page.

Le pontife chéri quitte le comptoir du zingue, mais ça sent encore l’amertume de la bière, le tabac froid et le moisi des tapisseries anciennes. Pour la 265ème fois depuis l’ouverture du troquet place Saint-Pierre, les toulousains comprendront l’éthylique clin d’œil, il faut changer le taulier et pas que sa couche qui absorbe les fuites incontrôlables de ses années trop lourdes, trop Compostelle ou Guadalupe.

Sans piper mot, le pâle pape part d’un pas pipeau et pas peu fier…

Et si on en profitait pour refaire enfin l’intérieur ? Dévots auditeurs, comme vous le dites si bien à la fin du notre père, délivrez-vous enfin du mâle ! Pourquoi ne pas élire une taulière dans ce monde de couillus abstinents pour faire un peu de ménage, pour solder toutes ces idées obsolètes qui encombrent nos clergés, pour récurer la curie ?

Las de tous ces prêtres, vicaires, cardinaux à testostérones fermentées, au sein du culte, des prêtresses et des cardanales, c’est pas à moitié con, non ?

Oui, une femme au Vatican, une vraie, une entière, comme elles disent. Et là, j’en profite pour faire une parenthèse et pour qu’on m’explique. Combien trop fois, j’ai entendu les femmes dire : «Moi, il me faut me prendre comme je suis, je suis quelqu’un de sincère et d’entier ». Et je ne sais pas ce que ça veut dire une femme entière. C’est une fille qui ne rigolent pas ? Oui, une fille qui rit, c’est qu’à moitié dans notre lit, et encore, ça, c’est pas drôle, surtout si on tombe sur la mauvaise moitié !!! Faut vraiment arrêter avec ça, parce que c’est peut-être ce que la copine d’Oscar Pistorius lui a dit le jour de la Saint-Valentin « moi, je suis entière » forcément, ça l’a agacé, le champion paralympique, il a perdu pied, 4 balles dans la tête… Faut faire gaffe, les filles avec ces expressions pénibles dénuées de sens…

Toujours est-il qu’au Vatican, une femme entière ou pas, ce serait un vrai progrès.

Une femme pape. Et pourquoi pas ? On l’appellerait une papesse ? Une mape ? Pape vient de l’appellation d’affection respectueuse qu’un enfant donne à son père, ça vient du grec, papas. Alors pourquoi pas mamas ? Ou mame en français. Elle pourrait s’appeler Benoite, Urbaine, Innoncente ou Pie, c’est chouette, non. On pourrait ainsi avoir Benoite 17, Urbaine 9, Innocente 14 ou bien Pisseuse….

Mais non ! L’église n’en veut pas ! Pas un ovaire dans la sacristie, pas une effluve de Guerlain dans le presbytère, pas une gaine coton/Lycra Blanche Porte dans les diocèses…

L’église n’en veut pas, tout simplement parce que le prêtre est la représentation de l’aspect humain du Christ, une incarnation de sa chair. Un sujet féminin est donc de soi, inapte à signifier la matière du Sacrement.

Ahhh, si Jésus avait été une femme !!! Certes, cela aurait perturbé le cours de l’histoire : elle aurait changé l’eau en kir royal, multiplié les bons de réductions Sarenza.com, et pour communier on mangerait une feuille de salade certifiée issue de l’agriculture biologique. Mais toujours est-il qu’une femme, quand tu l’attaches à poil, les bras en croix sur l’autel de la foi, elle se laisse pas faire : elle demande une rançon à DSK. Alors, que stupidement, Jésus ferme sa gueule, Jésus souffre et Jésus crie. C’est un peu faible…

Mais surtout, si Jésus avait été une femme, la femme prêtre aurait-elle pu téter les petits jésus de ses confrères, impunément ? Car c’est bien ce qui me préoccupe. Pourquoi leur refuser le mariage et l’accès à la sexualité ?

Combien d’enfants innocents pouvons nous ainsi sauver ?

C’est une question fondamentale. Il faut savoir que la masturbation pour les gens d’église, c’est encore un péché. S’unir dans la chair, n’en parlons pas. J’ai toujours pensé qu’un peu d’humanisme commençait par beaucoup d’onanisme. Car, faut pas croire, si l’habit ne fait pas le moine, il est fort à parier qu’en secret les moines se font la bite. C’est humain. Le problème, quand un curé se fait la main sur un poster de Pamela Anderson, c’est que si l’abbé mousse, pas Pam. Et non ! Pam, c’est un poster ! Et ça, ça le frustre, le rustre…

Et un homme frustré sexuellement, qu’il soit du tiers-état ou du clergé, ça reste très con. Il est prêtre à tout, et surtout à n’importe quoi, vu que cela doit être tu sans qu’on l’avoue.

Une femme saura rétablir la vérité sur la bible. Car la bible a une attitude positive à l’égard de la pratique sexuelle. Le cantique des cantiques est un hymne à l’amour et à l’effervescence du coït épanouissant. Jugez plutôt, chapitre 1, verset 2 : « Qu’il me baise des baisers de sa bouche, car ses caresses sont meilleures que du vin» chapitre 4, verset 5 « tes deux seins sont comme des faons qui paissent parmi les lis » ou encore chapitre 3, verset 8 : « tous, experts à manier l’épée, vétérans de combats, chacun a le glaive au coté, craignant les surprises de la nuit ».

Oui, il faut réhabiliter le cantique des cantiques, la poésie de l’amour, la délicatesse des corps en fusion, à une époque où l’on va crever de tout ce qu’on mange, qu’on boit et compagnie, ne boudons pas ce qu’il nous reste de plaisir 100% naturel, laissons chanter les cœurs de nos liturgiques officiants et laissons-les partager autre chose que leur pain.

Et au delà de mes propos opportunément machiste, je pense sincèrement, que seule une femme a le pouvoir de ce changement.

Et ce n’est pas qu’une question d’équité, et tiens, je me rends compte que même dans la racine latine du mot équité, il doit y avoir un peu de cheval, la dedans. Non ? En fait, non.

Qu’elle s’appelle Sixtine ou qu’elle se nomme « ini patri et fili e spiritu sancti », elle saura mieux qui quiconque avoir un regard à la fois pertinent et généreux sur un monde moderne qui aujourd’hui dépasse l’église. La mame saura s’adapter et comprendre les nouveaux enjeux de ce monde face à l’amour, la pédophilie, le sida, le mariage pour tous, telles ces femmes de progrès que furent Louise Michel, Simone de Beauvoir, Simone Veil ou Christiane Taubira.

Oui, moi le mécréant pas pieux, l’impie sans lit, l’athé-nebreux, je reste persuadé qu’une Mame à la tête de l’église, et au delà de l’église, notre société gagnera en sensualité, en amour, en fermeté, en empathie et en mouvement.

Oui, toutes ces sensibilités essentielles qui manquent au pape, je suis certain que les mames l’ont.

Alors mame, Urbi et orbi, Amène-toi.

 

 

 

Lorenzo Lorenzaccio – Toulouse – le 19 février 2013

 

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