Chroniques

GTAV

Ca y est, je suis un hard-gamer, un nigaud de geek, un néo nolife. Un vrai décérébré du jeu. Pour vous le prouver, trois chiffres : G, T, A, V. Oui, je sais, ça fait 4. Toujours est-il que je suis accro à Grand Theft Auto 5.

Comment en suis-je arrivé là ? Il y a un mois, le jour de la sortie de ce jeu vidéo, GTAV s’écrivait partout. Sur tous les sites d’information qui tous les matins de ce monde cultivent mes terres de connaissance et nourrissent mes envies d’exil, je pouvais lire un article sur GTA. Que ce soit sur Télérama.fr, Libé.fr, Le monde.fr, rue89.fr, fouslamoiprofondetlaissetoifaire, GTAV a saturé mon espace vital de toute son artillerie de superlatif : le jeu le plus vaste jamais conçu, le plus beau, le plus cher, le plus attendu, le plus rentable mais surtout le plus violent…

Cet abattage publicitaire déguisé en phénomène de société, histoire de relancer un vieux débat ronflant sur la violence dans les jeux vidéo, a eu raison de moi, bien trop curieux, trop con, trop mec et trop faible…

Alors, GTA V, une bonne fois pour toute, est-ce vraiment immoral et dangereux ? J’ai testé pour vous.

Il y a 15 jours j’achète le jeu. J’arrive chez moi, je le mets dans ma Wii qui me dit que non. Que la Wii, c’est pour les morves aux nez, les lapins crétins et les amoureux des pixels ostensibles, et si tu veux jouer à la Ferrari des jeux, il te faut la Rolls des machines. Donc me voici avec mon jeu, sans console, inconsolable. 

Le capitalisme et la société de consommation sont des idées aussi détestables qu’effroyablement fascinantes, cela s’appelle la perversion. C’est ainsi que je me suis à la fois détesté et délesté de 150 euros en dénichant une Xbox sur le bon coin.

Et me voici plongé dans cet univers de GTA, il est vrai, magnifique et éblouissant.

Et que je vole des voitures, et que je me promène dans l’immensité de ce Los Angeles contemporain recréé presque fidèlement, en y côtoyant des filles en quête de peau brune et des gros machos en quête de peau lisse. Et sans doute, pendant ce temps-là au port, des filles de marins, également, sur le quai quêtent.

Je fais quelques missions, et voilà que je croise sur la plage, une superbe bombasse vêtue de peu et poitrinée de beaucoup et je dis, tiens, je vais enclencher une conversation, histoire de voir si, la quarantaine murissante, je peux encore pécho de la pouf. Je fais un combo bouton vert – bouton rouge, persuadé que ça lui ferait plaisir, mais manque de pratique, je lui ai mis deux coups de pieds dans les couilles, un direct dans les dents, et voilà ma brésilienne aussi gisante que stérilisée, ce qui, tout de même, un peu de morale là-dedans, a le don d’énerver les flics qui se mettent à mes trousses. Bon, dans un acte gynophile et coupable, j’ai voulu la relever en appuyant sur la touche RT, mais je l’ai achevé de 13 balles d’un fusil à pompe dont j’ignorais être le propriétaire, vu que quand même, je me baladais en short, mais bordel, d’où pouvait donc sortir ce fusil à pompe ??? Un fusil à pompe dans mon calbut, je sais bien qu’il y en a quelques-unes que ça surprend plus, mais quand même… La magie des jeux vidéo…

Bref, voici un jeu avec une ville à explorer à l’infini, où l’on peut juste se promener, mais aussi faire : du golf, de la bourse, du tennis, de l’avion, du parachute, de la plongée sous-marine, former un gang, fumer un bang, et surtout où l’on peut tirer sur tout ce qui bouge, oui, c’est très violent, et où l’on peut tirer tout ce qui bouge aussi, et oui, c’est super sexiste, misogyne et lubrique.

Mais bordel de merde, qu’est-ce que ça défoule et ça fait du bien dans ce vrai monde où on se sent constamment oppressé, enflé et humilié !!!

Quel formidable exutoire !!! Pouvoir lâcher toute cette violence animale qui végète en nous, frustrés de ne jamais pouvoir l’exprimer dans tout ce que nous avons de discernement et d’intelligence. Parce que nous savons à peu près tous, qu’à partir du moment où un mec peut dire « aie, j’ai mal », même s’il est vachement moins nombreux que tous les gens qui peuvent dire « aie, il a mal », ben, faut jamais lui faire de mal. C’est qu’une question d’intelligence naturelle de l’être humain, celle qui distingue l’Homme du singe, et Taubira de l’élu du Front National, enculé de toi.

Et à chaque sortie de GTA, c’est le même discours. Les jeux violents ont un impact sur les jeunes avec une banalisation des comportements agressifs. A chaque grand massacre, on veut rendre les jeux vidéo violents responsables.

C’est étrange, mais j’ai joué plusieurs heures et les seules personnes que j’ai eu envie de tuer en vrai, c’est juste parce que je pense qu’elles le méritent et puis il est vraiment vieux maintenant, Alain Delon, ça va… Et puis même s’il le mérite pas vraiment, le problème, c’est que les cons seront toujours des cons, et qu’on y peut rien si certains jouent aussi aux jeux vidéo.

Est-ce que Klaus Barbie, Jack l’éventreur, Landru, Staline et Emile Louis jouaient à la Playstation ? Non, ils avaient pas le temps, et pourtant, ils étaient fertiles en idée débiles…

Et je n’ai jamais entendu parler de jeux vidéo, qui mettaient en scènes des parents qui planquaient leurs enfants dans des congélateurs, dans la Vologne ou des forêts auvergnates après les avoir drogués ou sodomisé tout en faisant croire à qui veut bien l’entendre qu’on les a perdus dans un parc…

Une raclure dégénérée n’a pas besoin des jeux vidéo pour se révéler ignoble.

Les jeux vidéo ne sont-ils pas juste un prétexte pour dédouaner nos gouvernants de ce qu’est la vraie violence ?

La violence n’est-elle pas plus proche de nous ? Le manque de logement, d’argent, de reconnaissance, la tentation asphyxiante de l’inaccessible, les animateurs de Fun Radio, les litanies plaintives de Christophe Mae, les arrestations d’enfants en milieu scolaire à qui on propose de vivre sans leurs parents dans ce beau Pays de Mollande. La violence d’un pouvoir d’achat minable qui oblige des employés à vouloir travailler le dimanche pour dépouiller d’autres miséreux qui veulent dépenser l’argent que déjà ils ont pas dans la semaine, alors laissez-moi jouer à GTAV maintenant et arrêtez de me dire que c’est pas bien d’éclater la tête de piétons qui ne sont que pixels, systèmes binaires et repos de mon âme…

Convaincu par mon raisonnement, j’ai même poussé l’expérience un peu plus loin pour prouver que les jeux vidéo ne pouvaient pas avoir impact sur mon comportement. Je me suis mis dans la peau d’un joueur de l’équipe de France de football en jouant des heures à FIFA 14. Et bien, croyez-le ou pas, ben, je sais toujours lire…. Et oui.

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